Créer un espace national de commémoration : le mémorial au Martyr

22/11/2024

Naissance du projet

Dès le conflit pour l'indépendance de l'Algérie, des monuments aux morts et aux martyrs apparaissent en Tunisie et au Maroc près des bases de l'Armée de Libératione National du FNL. Puis dès 1962, les autorités algériennes reprennent des monuments aux morts français des deux conflits mondiaux pour en faire des lieux de mémoires de la guerre d'indépendance.  En 1982, à l'occasion du 20ème anniversaire de l'indépendance, un bâtiment d'une ampleur beaucoup plus grande est érigé. Le chantier est rapide et dure 9 mois.  Le projet est initié par le Président Houria Boumédiène (1976-1978) qui souhaite rendre hommage aux combattants en faveur de l'indépendance algérienne (uniquement les combattants du FNL, car il y a le parti unique en Algérie).  Pour réaliser le projet, on demande au peintre et architecte Bachir Yelles de réaliser une maquette. Il s'agit d'une figure de la peinture contemporaine algérienne. Il peint des figures s'opposant au régime colonial français comme Ben Badis en 1946. L'Algérie sort progressivement de son socialisme étatique. Ainsi, ce projet est un symbole de l'ouverture algérienne au capitalisme, et notamment aux entreprises étrangères.  L'Etat algérien confie la réalisation de ce projet à la société québécoise Lavalin alors en pleine expansion. Le monument est situé sur les hauteurs d'Alger domine la ville grâce à ses 92 mètres de haut, et est ainsi visible dans la grande majorité de la ville

En dessous des palmes du Mémorial, on retrouve une flamme éternelle en souvenir des "martyrs", une crypte et  le musée national des Moudjahid pour commémorer les victimes du conflit. 

Ce monument est pensé pour s'immerger et s'inclure dans un espace patrimonial très large. Il est bordé par le Musée des Beaux Arts d'Alger, et du jardin d'Essai du Hamma du quartier du Belouizdad. Crée en 1832 juste après la conquête coloniale, le jardin est d'abord conçu pour assécher le marais. Ce jardin est aussi un symbole de la domination coloniale, car comme l'a montré Hélène Blais, dans L'empire de la nature, les jardins botaniques crées à proximité des lieux de pouvoir, sont aussi des outils et du symbole du pouvoir coloniale. Puisque pour les autorités coloniales, la même logique de domination s'opère entre nature et populations des colonies. Depuis, les autorités algériennes ont changé le sens et l'usage du jardin. Il est dorénavant inclus dans l'espace commémoratif Riad el-Feth. Ce qui signifie les jardins de la victoire (comprenant  le monument, l'esplanade, le musée des beaux arts, les jardins...). 

 Doté d'une superficie de 32 hectares, Il reste aujourd'hui reconnu comme l'un des plus grands  jardins d'essai et d'acclimatation au monde. C'est pour cela qu'une loi en 1967, le reconnaît comme monument naturel. 


L'architecture 

L'architecture du bâtiment représente trois palmes qui se rejoignent à la mi hauteur. Vers 47 mètres de haut, les trois palmes supportent une tourelle d'une hauteur de 25 mètres, qui est ensuite surmontée d'un dôme de 6 mètres. Le bâtiment est construit en Béton. Le soucis de la verticalité témoigne aussi d'une recherche spirituelle, la bataille décoloniale c'est aussi inscrite dans le domaine religieux. Les indépendantistes ont par exemple lutter contre les cérémonies de dévoilement organisées par l'armée française et dénoncé par Frantz Fanon comme les viols symboliques du colonisateur. Pour réaliser ce monument, il a fallu s'adapter à des contraintes et risques importants. Garder une stabilité et une rigidité avec le béton malgré la courbure de la palme fait partie de ces défis. De plus, le  site est situé dans une zone sismique et près d'une falaise. Malgré l'ingéniosité et les précautions prises des fissures sont apparues sur les palmes du monument. Ainsi, le monument a fait l'objet d'une rénovation pour l'occasion du 50ème anniversaire de l'indépendance de l'Algérie en 2012. 


Enfin, le polonais Marian Konieczny a réalisé 3 statues situé devant la palme de chaque pilier. La statue du moudjahid représente un combattant de l'intérieur lors de la guerre d'indépendance. Il n'est pas doté d'un grand équipement (ici uniquement un fusil, mais pas de protection). Le message est politique, il s'agit de montrer que la révolution décoloniale vient d'en bas, des petits paysans ruraux qui avaient étaient expropriés de nombreuses terres lors de la colonisation. Le soldat de l'ANL représente les forces extérieures du FNL. En effet, à cause d'une guerre asymétrique,   de nombreux forces armées du FNL sont contraintes à l'exil en Tunisie.  Malgré des conflits, les chefs du  fronts extérieurs prennent  très vite l'ascendant politique sur le front intérieur. Enfin, la dernière statue montre un soldat de l'armée populaire algérienne, armée crée après l'indépendance en 1962.


Pour en savoir plus sur les monuments aux morts/martyrs algérien : 


ALCARAZ Emmanuel, « La mise en scène de la mémoire nationale » Dans Branche Raphaëlle, Autour des morts de guerre, Paris, Editions de la Sorbonne, 2013.  

Paroles d'Histoire, "316 Les jardins botaniques, microcosmes impériaux", entretien d'André Loez avec Hélène Bias, 2023.  URL : https://www.youtube.com/watch?v=OiRCxxBAicw 

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